Les cimetières sont remplis de sociétés qui n’ont pas compris les règles du jeu.
Le 9 novembre est l’anniversaire de la fameuse journée des dupes. Une anecdote récente vient nous la rappeler.
La presse occidentale est unanime: Jack Ma a raté l’introduction en bourse de sa vie.
Reuters, le 4 novembre 2020:
Le fiasco de l'introduction en bourse d’Ant va lui couper les ailes et entamer sa valeur
Par Scott Murdoch, Kane Wu
HONG KONG (Reuters) - La suspension surprise par la Chine de la cotation record de Ant Group à 37 milliards de dollars risque de retarder plutôt que de détruire ses chances de faire ses débuts en bourse, même si la valorisation et les perspectives de croissance du géant des technologies financières vont en prendre un coup.
L'embuscade de dernière minute tendue par les autorités chinoises de régulation a été considérée par les analystes et les investisseurs comme une tentative de réduire les ambitions du fondateur de Ant Group, Jack Ma, et son empire des services financiers, mais ils s'attendaient à ce qu'il soit finalement introduit en bourse à Hong Kong et à Shanghai comme prévu.
"L'activité de Ant est susceptible d'être restreinte par les nouvelles réglementations financières. En conséquence, le prix de l'introduction en bourse sera très probablement abaissé", a déclaré Andrew Collier, directeur général d'Orient Capital Research.
Jack Ma est présenté par la presse occidentale comme le Nicolas Fouquet des temps modernes. Le 24 octobre 2020 au Bond Summit tenu à Shanghai, il tient le discours suivant devant le régulateur bancaire (représenté par le gouverneur de la banque centrale chinoise, Yi Gang) et les grandes banques chinoises:
les structures financières actuelles en place dans le monde sont trop peu enclines à prendre des risques, et le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire est un "club de vieux" qui devra faire face à de sérieux risques s'accumulant dans l'économie mondiale.
Le système financier actuel est l'héritage de l'ère industrielle. Nous devons en mettre en place un nouveau pour la prochaine génération et les jeunes. Nous devons réformer le système actuel.
Les banques chinoises continuent à fonctionner avec une mentalité de "prêteur sur gages", exigeant des garanties avant de prêter. Ce modèle ou ces perspectives ne parviendront pas à alimenter la croissance future.
Jack Ma est alors sur le point d’introduire, en bourse de Hong Kong et Shanghai, Ant Group, sa création monumentale et de devenir plus riche de $25 milliards au passage. Ant Group représente sa vision du monde bancaire de demain, fondé sur l’utilisation massive des données dans le cloud pour gérer le risque, au lieu du traditionnel collatéral…La réaction ne se fait pas attendre: quelques jours après, Jack Ma et les principaux dirigeants du groupe sont convoqués par la banque centrale pour discuter d’un projet de réglementation qui obligerait les établissements qui titrisent à garder sur leurs livres 30 % du montant des créances (Ant ne conserve que 2 % aujourd’hui…mais 30% des commissions…). Une telle réglementation nécessitant une mobilisation de fonds propres plus importante ne pourrait que réduire la croissance potentielle d’Ant Group. Et elle remet en question les documents présentés pour l’introduction en bourse, donc l’introduction en bourse elle même. Le 3 novembre, la Bourse de Shanghai ne peut qu’annoncer le report de l’introduction en bourse, suivie par la Bourse de Hong Kong. Il ne fait pas bon de vouloir se mesurer au régulateur…Alors, adieu Vaux le Vicomte ?
La thèse servie par la presse occidentale
Il y a unanimité: Jack Ma gonflé par l’orgueil de réussir l’introduction la plus importante de l’histoire, devant Aramco, a oublié toute mesure mettant en avant la supériorité absolue du modèle qu’il a créé. Il s’est ainsi attiré les foudres de Xi Jiping, qui contrôle indirectement la banque centrale, lequel a voulu lui montrer qui était le vrai chef en Chine. Il est indubitable que Jack Ma s’est attiré avec son discours les foudres de la banque centrale et du régulateur puisque suite à sa convocation rapide par ces organismes, des mesures restrictives ont été immédiatement annoncées. D’après Chris Skinner:
Les entreprises de FinTech doivent maintenant avoir :
un capital minimum de 1 milliard RMB (il était de 50 millions RMB). Les prêteurs nationaux doivent disposer d'un capital de 5 milliards RMB ;
Les FinTech doivent financer au moins 30 % de chaque prêt (aucun minimum avant) ;
L'effet de levier est plafonné à 16-17x du capital ;
les prêts aux particuliers ne peuvent pas dépasser a) 300 000 RMB ou b) un tiers du revenu annuel moyen des trois dernières années.
Les prêts aux entreprises ne peuvent pas dépasser 1 million RMB.
Pourquoi les autorités de régulation font-elles cela ? Il s'agit de limiter les prêts excessifs aux consommateurs qui ne peuvent pas se le permettre. Elle empêche également les FinTech d'avoir un effet de levier trop important et d'être "dans le jeu" en leur faisant débourser 30 % des prêts. Actuellement, les Fintech ont un effet de levier très important alors que les règles de microcrédit sont laxistes.
Quel sera l'impact de cette mesure sur Ant Group ? L'introduction en bourse a été suspendue. Ant n'a aucun problème pour satisfaire aux exigences en matière de capital, mais le respect intégral des règles de prêt plus strictes nécessitera une révision en profondeur, qui pourrait prendre un certain temps. Une alternative consiste à passer du coprêt à la facilitation des prêts - où la FinTech se contente de traiter les prêts pour le compte des banques, mais les frais sont moins élevés ici. Les nouvelles règles auront un impact sur ses marges et sur la vitesse à laquelle elle pourra se développer.
L’analyse occidentale cependant à mon sens fait des raccourcis:
en mettant dans le même sac la PBOC (People’s Bank of China, la banque centrale) et Xi Jinping
en pensant que le discours de Jack Ma n’était pas calculé, mais plutôt l’expression de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf
en imaginant que le report de l’IPO est un échec personnel pour Jack Ma.
Il y a tout lieu de penser que se joue un rapport de force entre la PBOC, Jack Ma et Xi Jinping et que Jack Ma a choisi expressément le moment pour tirer sa carte…Jack Ma n’est pas le Nicolas Fouquet de Vaux le Vicomte mais plutôt le Richelieu de la journée des dupes…
La journée des dupes
Un peu d’histoire: en 1630, Louis XIII est tiraillé entre sa mère Marie de Médicis, ancienne régente et Richelieu, son principal ministre. Marie de Médicis représente la conception ancienne de la royauté, ayant pour mission la protection du catholicisme, établissant ses alliances aussi bien à l’intérieur du Royaume qu’à l’extérieur en fonction. Le cardinal de Richelieu représente une vision plus moderne, la raison d’Etat, laquelle vision s’imposera en Europe après le traité de Westphalie signé en 1648 pour mettre fin à la guerre de trente ans. Louis XIII est acquis aux idées nouvelles d’un Etat fort. Marie de Médicis, inquiète de l’ascendance croissante du cardinal auprès du Roi, tente d’en obtenir le renvoi. Ses liens de sang avec Louis XIII lui font espérer de le gagner à sa cause. Louis XIII résiste, sa mère lui promet d’accepter la cohabitation… puis se rebiffe, vire les proches de Richelieu le 9 novembre 1630, rentrant ainsi en confrontation ouverte avec lui. Le jour suivant, elle accapare son fils pour le persuader de se débarrasser de Richelieu; ce dernier arrive à s’interposer et supplie Marie de Médicis à genoux d’arrêter ses diatribes. D’où la célèbre phrase de l’ancienne régente: “Préférez vous un laquais à votre propre mère ?” Sans rien dire, Louis XIII part à Versailles, Richelieu le rejoint, est bien accueilli, le roi lui renouvelant sa confiance en disant: « Je suis plus attaché à mon État qu'à ma mère. ». Marie de Médicis s’exile à Compiègne: fin de l’histoire.
Resituons maintenant les personnages: Xi Jinping-le roi, Jack Ma-Richelieu et la PBOC (son gouverneur Yi Gang)-Marie de Médicis. La PBOC, comme Marie de Médicis s’accroche au monde ancien, celui des accords de Bâle alors que Xi Jinping, comme le roi Louis XIII est convaincu que le monde a changé, la technologie donnant les clés du pouvoir. Jack Ma comme Richelieu met en pratique les idées nouvelles essayant d’en convaincre le roi.
Le plaidoyer de Jack Ma
Il est intéressant de considérer les axes fondamentaux de la politique de Xi:
Affirmer la puissance de la Chine sur l’échiquier mondial, en la dégageant ainsi que ses voisins asiatiques de l’influence des Etats-Unis et autres puissances occidentales;
pour ce faire, renforcer la position technologique de la Chine en comptant sur l’initiative privée, le rôle du gouvernement étant d’accompagner le privé avec des centaines de $ milliards réservés pour la recherche;
Miser à fond sur l’exploitation des données de masse pour, entre autre, contrôler les populations…mais aussi devenir numéro 1 sur l’intelligence artificielle.
De son côté, Jack Ma avec Ant Group a une stratégie très claire pour débloquer ce qui entrave la Chine de se déployer selon le vœu de Xi: l’asphyxie des PME, 80% de l’économie chinoise, par un système financier à l’occidentale plaqué sur un pays en fort désir d’expansion. Le système financier chinois est dominé par de grandes banques étatiques qui prêtent aux copains (principalement grandes entreprises) et sinon demandent des collatéraux asphyxiants. Face à ce vide, une kyrielle de plateformes se sont créées pour organiser du crédit P2P (désintermédié). En l’absence d’un système de suivi du risque crédible, cela a conduit à des catastrophes économiques et sociales importantes. La PBOC a réagi avec le corpus de règles occidentales, inspirées de Bâle, pour limiter le levier. Le remède est pire que le mal car inadapté: les PME se sont vus brusquement couper l’accès au crédit, devant rembourser précipitamment ce qu’elles avaient emprunté et pour le reste, c’est « business as usual » entre amis. Il s’ensuit que les PME, moteurs dans l’innovation, sont insuffisamment irriguées pour répondre aux vœux de XI Jinping, et cela parce qu’on copie l’occident ! Ant Group, ayant vu ce manque, propose une gestion du risque fondée sur les données qui pourrait propulser l’esprit d’initiative des PME tout en permettant à l’Etat Chinois de garder le contrôle. Jack Ma dispose de la carte maîtresse dont a besoin Xi Jinping pour son projet politique.
Jack Ma, dans son discours à la Bond Conference, attaque la PBOC sur les trois axes de la politique de Xi précisément, essayant de placer un coin entre Xi et la PBOC:
1/ Jack Ma commence par attaquer le complexe de suivisme de l’occident: la Chine se sent toujours obligée de copier avec retard ce qu’ont fait les Etats-Unis et l’Europe. L’occident étant composé de vieilles puissances, cela amène la Chine à gérer des problématiques de vieux, inadaptées à son contexte. Les personnes âgées cherchent à se protéger, pas à se développer, à construire des hôpitaux, pas des écoles. Les accords de Bâle portant sur la réglementation bancaire ont été rédigés après la crise asiatique de 1997 et renforcés après celle de 2008: il n’y est plus question que de protection d’un système financier vieillissant, au risque d’éteindre toute velléité de développement. La Chine ne peut se permettre de mettre ses jeunes à l’hospice: son système bancaire, composé de grandes banques étatiques d’un côté et de jeunes pousses de l’autre, doit faire grandir les secondes, pas restreindre leur croissance à priori par une réglementation drastique. Il y a là une attaque directe de la PBOC et de son gouverneur, Yi Gang. Son pedigree dit tout. D’après Wikipedia:
Yi Gang est né à Pékin, le 5 mars 1958. Il a étudié à l'université de Pékin et à l'université Hamline de Saint-Paul, dans le Minnesota, et a obtenu son doctorat en économie à l'université de l'Illinois, avec une thèse sur les méthodes de sélection des modèles statistiques. Il est devenu professeur associé titulaire à l'université d'Indiana - Purdue University Indianapolis (IUPUI), puis a rejoint la faculté de l'université de Pékin en tant que professeur, directeur adjoint du Centre de recherche en économie et conseiller en doctorat en économie…Le 18 avril 2012, le président de l'université de l'Indiana, Michael A. McRobbie, a décerné un doctorat honorifique en lettres humaines à Yi Gang, qui a été professeur adjoint et professeur associé d'économie à l'IUPUI de 1986 à 1994.
Yi Gang est pétri de culture occidentale, il n’est pas étonnant qu’il propose des remèdes occidentaux à un mal qui n’en est pas un, le besoin de développement du système financier chinois pour accompagner sa forte croissance économique. Jack Ma caresse Xi Jinping dans le sens du poil, montrant que le futur de la Chine consiste à tracer sa propre voie, plutôt que de copier l’occident comme le font les caciques de la banque centrale.
2/ Jack Ma insiste sur la dynamique de l’innovation qui est d’accepter l’échec et d’en appendre pour mieux rebondir et innover à nouveau. Il s’oppose ainsi nettement au régulateur qui essaie d’empêcher l’échec à tout prix et tue ainsi l’innovation, ainsi que l’avenir de la Chine. Il fait une comparaison militaire qui ne peut qu’ébranler Xi Jinping, soucieux de la domination maritime des Etats-Unis: à la bataille de Red Cliff, en 200 avant JC, CaoCao (le perdant) avait trouvé un moyen de relier tous ses bateaux pour en faire un gigantesque. Malheureusement, un feu a brûlé l’ensemble et cela a marqué un coup d’arrêt définitif au développement d’une marine chinoise, coup d’arrêt dont la Chine se mord encore les doigts. Comment ne pas voir une allusion à la banque centrale prête à censurer tous les petits établissements qui reposent sur le cloud Alibaba et l’exploitation des données par Ant, sous prétexte d’un risque systémique qui n’existe pas en Chine car il n’y a pas de système…Le message est simple: on ne gouverne pas par la réglementation mais par l’innovation et la technologie, la PBOC doit être remise à sa place. Jack Ma reprend ainsi les lignes directrices du plan 2035 dévoilé par le Parti communiste le 29 octobre 2020.
3/ L’avenir repose sur l’exploitation des données de masse, un thème cher à Xi Jinping qui répète à qui veut l’entendre que la Chine doit prendre le leadership mondial sur l’intelligence artificielle. Il est certain que l’exploitation des données sera grandement utile à Xi Jinping qui veut conserver le pouvoir au delà du terme prévu. Jack Ma critique la mentalité de prêteur sur gage entretenue par la banque centrale, mentalité d’un autre âge qui fracture la société: elle met trop de pression sur les entrepreneurs qui ont gagé tout leur actif et encourage les banques à prêter aux riches, à ceux qui ont des actifs, et à les pousser au crime, à l’investissement improductif. Il prône l’utilisation fine des données pour donner à chacun sa chance d’avoir un crédit et un avenir, répondre ainsi aux objectifs du Parti Communiste d’une société inclusive. L’idée sous-jacente est que la banque centrale n’est absolument pas outillée pour ce faire, malgré son discours sur la création d’une monnaie digitale, car elle n’a pas les données, l’infrastructure technologique et l’esprit d’innovation nécessaires. Astucieusement, Jack Ma conclut son argumentaire avec les crypto-monnaies. Il faut savoir qu’alors que Xi Jinping a encouragé le mouvement de recherche privé sur le sujet, la PBOC les a interdites:
Prenons les monnaies numériques par exemple, si nous appliquons une vision futuriste, elles devraient être au cœur même de la construction d'un système financier dont le monde aura besoin dans 30 ans. Il est vrai que la finance d'aujourd'hui n'a pas besoin de monnaies numériques, mais elle en aura besoin demain, elle en aura besoin à l'avenir, des milliers de pays en développement et de jeunes en auront besoin, et nous devrions nous demander quels sont les problèmes réels que les monnaies numériques devront résoudre à l'avenir.
La monnaie numérique d'ici dix ans et la monnaie numérique d'aujourd'hui ne sont peut-être pas du tout la même chose, et nous ne devrions pas chercher cette monnaie numérique dans le passé, d'un point de vue réglementaire, dans une institution de recherche, mais dans le marché, dans la demande, dans l'avenir. L'enjeu est de taille.
Autrement dit, le projet de monnaie digitale avancée par la PBOC n’a aucun intérêt, il faut laisser l’innovation aux entrepreneurs, comme Xi Jinping lui-même le soutient.
Il faut lire ce discours en entier car il est très riche et particulièrement travaillé pour un objectif: faire comprendre à Xi Jinping en le flattant quelle est la voie de l’avenir. c’est un discours stratégique, pas un discours d’écervelé ayant oublié qui était le chef…
Le timing
Là encore la presse occidentale critique abondamment le timing de ce discours: pourquoi se mettre à dos le régulateur quelques jours avant la plus importante IPO de l’Histoire ? Cela ne peut être que le résultat d’une imprudence verbale.
Jack Ma, tel Richelieu avec Marie de Médicis, ne pouvait ignorer la menace croissante pesant sur Ant, et ce depuis au moins juillet 2020, où la PBOC avait lancé une première salve. De China Banking News, le 27 juillet:
La Banque populaire de Chine (PBOC) a lancé un avertissement d'urgence aux banques commerciales chinoises en raison des inquiétudes concernant l'offre conjointe de prêts à la consommation via les plateformes en ligne de Ant Group…
L'avis exige que toutes les banques fournissent des données sur le solde de leurs prêts à la consommation pour les financements fournis via les plateformes Ant Credit Pay et Ant Cash Now , ainsi que sur les ratios de crédits non-performants, les taux de rendement moyens et les découverts de crédit.
Une source du secteur bancaire a indiqué que la banque centrale chinoise est en train de monter une enquête en raison d'informations selon lesquelles le ratio de crédits non-performants pour les prêts en ligne fournis conjointement a été particulièrement élevé pendant la pandémie COVID-19.
"La banque centrale est peut-être préoccupée par ces opérations du point de vue du risque systémique", a déclaré Hou Benqi de l'Institut de recherche financière Asie-Pacifique Future.
"Les banques supportent presque tout le risque, mais la croissance de la clientèle et le contrôle des risques dépendent principalement des organismes de crédit qui coopèrent.
"Ce modèle coopératif avec des incitations asymétriques en matière de risque recèle un risque potentiel effrayant - si l'organisme de crédit coopératif adopte des stratégies excessives à l'égard de ses clients ou met en œuvre une manipulation des données pour se développer, il est trop tard pour mettre un frein une fois que les banques l'auront découvert".
Dès lors, une épée de Damoclès pesait déjà sur l’introduction en bourse d’Ant Group. Un changement des règles du jeu après l’introduction aurait causé un dégât considérable pour toutes les parties: Jack Ma bien sûr mais aussi les petits porteurs chinois, nombreux à avoir suivi, le régulateur, la PBOC et les bourses de Hong Kong et Shanghai si fière d’orchestrer la plus grande IPO de l’Histoire. Il n’est pas sûr non plus que Xi Jinping ait été heureux d’un tel dénouement ! Sachant que la PBOC voulait sa peau de toute façon, Jack Ma a choisi de donner au roi Xi Jinping sa version des faits, diamétralement opposée à celle de la PBOC, de manière à:
obliger Xi Jinping à choisir son camp (il est déjà tout choisi)
pousser la PBOC à la faute en la provoquant tel le torréador.
Ce que la presse mésestime à mon avis le plus dans cette histoire est le sens du long terme de Jack Ma. Ce dernier a attendu très longtemps avant de réaliser son IPO et n’est plus à quelques mois près. Il d’ores et déjà fait fortune, introduction d’art en bourse ou pas, il vise plus haut. La question est de faire prévaloir sa vision du “Big Data”, pour cela, il lui faut convaincre Xi Jinping et non Yi Gang. La PBOC a avancé son pion, entravant ainsi la plus grande introduction en bourse du monde sur le marché chinois, à Shanghai, et privant Xi Jinping de la fierté de battre les Etats-Unis à leur propre jeu…
L’histoire de l’IPO d’Ant Group n’est certainement pas terminée…
Bonne fin de semaine,
Hervé