Les cimetières sont remplis de sociétés qui n’ont pas compris les règles du jeu
En réfléchissant sur mon texte de la semaine dernière, je me suis rendu compte qu’il y avait peut-être un objectif second dans le projet Libra. Marc Zuckerberg ne peut être si naïf et penser qu’il va pouvoir imposer une monnaie alternative aux monnaies souveraines. Ce n’est qu’une spéculation mais peut expliquer le fort intérêt de Marc Zuckerberg pour l’univers crypto.
De MarketWatch (26 octobre 2019):
Microsoft s'est vu officiellement attribuer un contrat de 10 milliards de dollars avec le Pentagone vendredi - marquant une victoire surprise sur Amazon Web Services, que l'on pensait être le favori de l'opération.
Cet accord, appelé contrat JEDI (Joint Enterprise Defense Infrastructure), est un contrat de 10 ans visant à aider le ministère de la Défense à transférer ses données sensibles vers le cloud. Des entreprises comme IBM et Oracle ont également concouru pour le contrat depuis l'ouverture du processus d'appel d'offres en juillet. En avril, IBM et Oracle ont été éliminés de la course, tandis que Google a abandonné à la fin de 2018 par crainte de ne pas être en mesure de respecter les conditions du contrat.
Microsoft, Amazon, Google, IBM, Oracle, une belle foire d’empoigne pour un prix convoité par les grands acteurs du cloud: le contrat du Pentagone. Un nom manque étrangement à l’appel: Facebook.
Les principaux acteurs du cloud
En 2015, Amazon déclare pour la première fois qu’AWS réalise $5 milliards de chiffre d’affaires annuel et en fait une division à part entière. Le cours d’Amazon est multiplié par 4,5 depuis. AWS réalise maintenant $ 36 milliards de chiffre d’affaires annuel, 13 ans après son lancement en 2006.
En 2014, Satya Nadella succède à Steve Ballmer à la tête de Microsoft et change le nom de Windows Azure (créé en 2008) en Microsoft Azure. Le cloud devient le nouveau centre de gravité de l’informatique et de Microsoft (une révolution), remplaçant Windows. Aujourd’hui plus de la moitié du cloud de Microsoft tourne sur Linux. Le cours de Microsoft a triplé depuis après avoir stagné pendant toute l’aire Ballmer.
Google n’a compris que très tard l’importance du cloud, bien qu’ayant le plus massif parc de serveurs au monde. Sa première offre cloud est lancée en 2011. Ayant une culture d’ingénieur, Google pense d’abord à la perfection du produit plutôt qu’à la vente. Or ce qui marche avec le particulier à l’aire de l’internet (la propagation par le bouche à oreille), ne fonctionne pas avec l’entreprise où les centres de décision sont plus nombreux et les frictions aussi: il faut des commerciaux. En février 2018, Google annonce que son business cloud réalise $ 4 milliards de chiffre d’affaires, en juillet 2019, il atteint $ 8 milliards. Ces derniers chiffres sont à prendre avec des pincettes car ils intègrent G Suite qui est largement dominant dans l’offre cloud de Google. En novembre 2018, Google embauche Thomas Kurian, un exécutif d’Oracle habitué des entreprises pour diriger Google Cloud Platform et lui donner la force commerciale qui lui manque.
Le cloud concerne les infrastructures (hardware), la plate-forme de programmation (middleware) et les programmes (software). Ces trois segments sont des industries de frais fixes: une grosse dépense initiale (matériel, recherche) puis des frais mineurs (maintenance, amélioration). Les économies d’échelle obtenues au départ sont ensuite très difficiles à déplacer, les positions sont relativement figées, à l’avantage d’AWS le précurseur largement en tête puis de Microsoft (qui pour l’instant ne révèle pas son chiffre d’affaires).
La taille du marché
Le marché est énorme. L’économie digitale se répand comme une traînée de poudre, les applications prennent le pouvoir dans de nombreux domaines (software is eating the world comme l’a prophétisé Marc Andreessen en 2011). Les métiers liés au monde physique (transformation de matières, transport, commerce) sont rendus plus productifs et plus vendeurs par l’intégration d’intelligence artificielle. Cette intelligence artificielle requiert des données massives (le facteur différenciant) qui sont mieux traitées dans un cloud disposant de la puissance en CPU/GPU adéquate.
Pour mesurer la taille du marché, on peut utiliser comme base les dépenses informatiques mondiales ($ 5 trillions). C’est déjà 7 fois les dépenses publicitaires mondiales, le marché cible de Google et Facebook. Le cloud va « manger » l’informatique d’une part parce qu’il fait faire des économies très significatives, d’autre part parce qu’il libère le pouvoir des codeurs:
Sur le premier point, l’exemple de Bank of America, expliqué par son CEO lors de sa dernière conférence téléphonique est instructif: l’instauration d’un cloud privé à permis de faire baisser le nombre de serveurs de 200 000 à 70 000, grâce à la virtualisation. Les serveurs n’étaient auparavant utilisés qu’au tiers mais repartis par fonction. Le gros de leurs applications tourne maintenant sur 8 000 serveurs, il y a donc encore de la marge. La banque fait ainsi $2 milliards d’économies par an. L’intérêt majeur du cloud du point de vue financier est d’ajuster les capacités au plus près.
le cloud permet au programmeur informatique de se concentrer sur sa mission sans se préoccuper des ressources qui lui sont allouées, de la sécurité, de la compatibilité avec le système d’information de l’entreprise, etc. Cette libération du programmeur correspond à une demande de plus en plus forte pour des applications précises répondant à une fonction: on n’achète plus une voiture, on utilise Uber, on n’achète plus une place de parking, on utilise Park Now, etc. Avec la propagation de l’information, on cherche directement à répondre à la tâche à réaliser plutôt que de se protéger par la possession des objets (réservoir d’information rendu obsolète). Il faut donc s’attendre à une forte hausse de la part logicielle de l’économie.
Le marché potentiel est donc nettement supérieur aux $ 5 trillions de dépenses informatiques actuelles. 10% du PNB mondial ne serait pas impossible. Cela représenterait $ 8 trillions. Avec 20% du PNB mondial, le marché potentiel serait de $ 16 trillions. Autrement dit les places qui sont prises aujourd’hui valent très cher car elles seront quasiment impossibles à déplacer. On comprend alors le combat pour obtenir le contrat JEDI, même si dans le fond, ce n’est qu’une goutte d’eau par rapport au marché potentiel.
Les stratégies des principaux acteurs
AWS: le leader incontesté avec probablement le double du chiffre d’affaires du second Microsoft. AWS joue l’innovation à tout crin sur les trois segments (infrastructures, plate-formes et applications), ainsi que sur les économies d’échelle pour faire baisser les prix. Le service AWS n’est pas parfait mais il anticipe les besoins du client à un prix raisonnable (toujours une longueur d’avance). L’argument d’AWS est qu’Amazon mange sa propre cuisine: puisqu’AWS a su résoudre des problèmes complexes pour Amazon en allouant la juste quantité de ressources, il sait le faire aussi pour les grandes administrations, les grandes entreprises et à fortiori les PME.
Microsoft Azure offre également les trois services. Sa stratégie est de faire levier sur sa clientèle entreprise, gagnée par Office, Windows et ses plateformes de développement pour proposer les services cloud. En détachant le cloud de Windows, Microsoft lui donne un bien plus fort potentiel car Linux est le langage des serveurs, d’on de la mobilité (4 fois plus de smartphones que de PC). Microsoft se positionne comme l’ami des entreprises, avec comme mission de les rendre plus productives, même si c’est au détriment de Windows.
Google est arrivé tardivement sur le marché bien qu’ayant la plus importante infrastructure et les meilleurs ingénieurs. Son problème est commercial avant tout. Sa stratégie est de mettre en avant sa capacité de containérisation (au travers de Kubernetes, un projet open source Google à l’origine). Le discours officiel est de permettre aux entreprises de jongler d’un cloud à l’autre et de ne pas se faire enfermer (autrement dit: AWS et Microsoft vous enferment). L’idée derrière la containérisation est de permettre aux clients d’AWS et de Microsoft de passer sur Google cloud sans problème et ainsi de chasser sur leurs plate-bandes. C’est une stratégie judicieuse pour un numéro 3.
IBM a raté le cloud. Étant dans une logique de free cash flows, la société a peu investi dans les infrastructures au moment où les places étaient encore à prendre. Il lui reste la plate-forme qui n’est pas le point fort des trois premiers qui jouent une logique d’intégration verticale. Cela explique l’acquisition de RedHat pour $34 milliards (un faible montant en regard du potentiel). RedHat a développé la technologie Openshift qui est la plus importante plate-forme de programmation. Schématiquement, vous programmez sur Openshift, ce dernier s’occupe du reste, les programmes étant containérisés et envoyés sur n’importe quel cloud. IBM vise le multicloud hybride, c’est à dire la plate-forme de programmation. L’argument est d’éviter de se mettre dans les mains d’un fournisseur unique. Le premier mouvement après le rachat de RedHat a été le rapprochement avec la technologie Cloud Foundry ( une plate-forme open source numéro 2 derrière Openshift. Le rapprochement des deux technologies indifférencie Cloud Foundry à l’avantage de la plus importante Openshift.
Enfin Oracle se situe en amont de la plate-forme de programmation. Il offre un service de base de données dans le cloud. A partir de là, Oracle cherche à faire de l’intégration verticale (plate-forme de programmation et applications). Le problème est qu’Oracle fait levier sur une technologie du passé, les bases documentaires étant plus adaptées à la masse de données à traiter dans le cloud.
Pourquoi Facebook n’a pas d’offre cloud
De IT news (26 juillet 2018)
Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, a déclaré que l'entreprise n'avait pas l'intention de se lancer dans le Cloud public.
La perspective d'un cloud Facebook est apparue lors de l'annonce des résultats du deuxième trimestre 2018 de la société, au cours duquel la plate-forme a annoncé un investissement annuel de 15 milliards de dollars US, dominé par les centres de données.
L'entreprise va enregistrer des dépenses encore plus élevées dans les années à venir.
Anthony DiClemente, analyste en investissements du groupe Evercore, a interrogé M. Zuckerberg sur la question de savoir si Facebook avait envisagé "des moyens d'améliorer le retour sur investissement de ces investissements dans les serveurs de centres de données, l'infrastructure réseau ?
Zuckerberg a répondu en disant : " pour être brefs, nous n'avons pas l'intention d'aller vers les services cloud.
"Nous n'avons pas l'intention de faire ça. Nous devons développer toutes ces capacités pour servir notre communauté. C'est un ensemble de services très coûteux en ressources et en calculs que nous fournissons et nous devons le développer."
Marc Zuckerberg préfère abandonner un marché estimé entre $8 et $16 T pour se concentrer sur un marché de $800 milliards. Comment est-ce possible ?
La première explication, celle de Marc Zuckerberg, est que le métier de base de Facebook requiert une capacité en serveurs importante que la société préfère se réserver plutôt que de la louer à des tiers. Dans ce cas pourquoi Google qui investit environ les mêmes montants en capacité n’hésite pas à louer ses serveurs à des entreprises alors qu’il a des besoins aussi importants que ceux de Facebook pour son moteur de recherche et YouTube.
La deuxième explication est que Facebook, tout comme Google, focalisé par ses propres besoins en capacité a raté le cloud. Conscient que la bataille a déjà été gagnée par Amazon et Microsoft, il préfère ne pas engager un combat perdu d’avance.
Enfin, une troisième explication, qui n’est pas incompatible avec la seconde, est que Marc Zuckerberg a un plan pour disloquer le cloud et qu’il préfère y investir ses ressources.
Le talon d’Achille du cloud
Dans un post brillant, Alex Danco montre comment avec l’Internet, on est passé de l’économie de la propriété à l’économie de l’accès. L’informatique avant l’internet était structurée. comme un reflet de l’économie de la propriété. Ainsi les fichiers qui sont une représentation imagée d’un classeur réel avec ses différents dossiers (possession matérielle) font place à un accès direct à la fonction souhaitée (la complexité étant cachée de l’utilisateur). On ne détient plus un cd, on fait appel à Spotify. Les fichiers qui étaient la pièce centrale du système d’exploitation Windows disparaissent avec les smartphones. C’est plus pratique de demander directement à Siri ou à une app.
L’internet est l’instrument du cinquième pouvoir comme l’explique Marc Zuckerberg parce qu’il rend abondante et à la portée de tous une information qui cimentait le pouvoir de ceux qui la détenait: autrefois l’église avec les copistes, puis l’aristocratie et la grande bourgeoisie avec l’imprimerie, puis les sociétés commerciales avec le développement du capitalisme et des sociétés par action
Chacun peut désormais travailler à sa façon l’information et apporter sa valeur ajoutée unique par un assemblage particulier de celle-ci. Autrefois pour concevoir un programme informatique, il fallait investir dans les serveurs, faire de la recherche, du marketing pour vendre son logiciel. C’était une forte barrière à l’entrée. Aujourd’hui on utilise le cloud public en payant un petit abonnement, puis un certain nombre de fonctions supports toujours par abonnement (Stripe par exemple pour les paiements, Twilio pour la communication). Les sociétés qui vivaient d’un monopole de l’information peuvent être mises à mal par un seul individu créatif s’appuyant sur une cascade d’applications tierces. C’est ainsi qu’un influenceur peut avoir une audience supérieure à un journal qui assurait autrefois son monopole par la possession d’une imprimerie et doit maintenant lutter sur la qualité de ses articles.
Le pouvoir qui auparavant reposait dans la possession matérielle est désagrégé par l’internet. L’économie de l’accès repose sur des applications (smartphones) ou des « skills » (Alexa) fonctionnant sur le cloud et qui sont une forme de tri de l’information répondant à une fonction précise. L’objet plus frustre est généralement multi-fonctions. Au pouvoir de la possession, on a substitué l’efficacité de l’accès.
Avec l’abondance, la valeur ajoutée se situe dans le tri de l’information, celui qui sait l’organiser a une parcelle de pouvoir. Cela explique la valeur boursière des sociétés de logiciels par abonnement s’intéressant à une seule fonction précise (au 27/10/2019):
Ces valeurs boursières dépassent celles de bon nombre de sociétés traditionnelles vendant de la possession. Slack par exemple vend de la communication d’entreprise (accès) et vaut $12 milliards; Avaya leader de la vente de systèmes de télécommunications d’entreprise (possession) ne vaut que $1,35 milliard.
Dans cette économie de l’accès qui devient le modèle dominant, plus personne ne détient rien et tout le monde devient dépendant (esclave). Il y a donc une réelle perte de pouvoir. Si une entreprise se construit en s’appuyant sur l’accès à différentes fonctions par abonnement (WordPress pour le site internet, Okta pour la sécurité, MongoDB pour la base de données, Mailchimp pour les mails, etc. , elle devient dépendante du bon fonctionnement de ces applications. Elle n’a plus la maîtrise des opérations. La possession est peut être moins efficace mais elle permet de garder le contrôle. Finalement, le cinquième pouvoir mis en exergue par Marc Zuckerberg dans son allocution récente à l’université de Georgetown n’est que théorique : le pouvoir est en fait encore plus concentré sur les fournisseurs de cloud qui, eux, détiennent les infrastructures, donc en premier lieu Amazon et Microsoft. Le talon d’Achille du cloud est qu’il canalise le pouvoir au lieu de le distribuer, et c’est cette faille que Facebook veut exploiter.
Le plan Libra
Dans mes articles sur l’abonnement, j’ai abordé la théorie de l’exclusivité:
La possession d’un bien exclusif, rare donne du pouvoir et constitue un signe de ce pouvoir. Personne ne peut empiéter sur ce bien ou se l’approprier. La propriété d’un bien exclusif distingue l’individu de ses pairs. La volonté de puissance étant intrinsèque à l’homme, il n’est pas étonnant de voir cette propension à détenir l’exclusivité. Par opposition ce qui est courant, abondant, commun n’est prisé que pour son côté utilitaire, donc peut très bien être loué ou emprunté.
Cette loi peut être représentée comme suit:
Dans l’économie du cloud, les développeurs créent de l’exclusivité mais elle ne leur appartient pas vraiment. Ils doivent s’abonner à moult services et reposent sur une infrastructure qui n’est pas la leur. Leur pouvoir est limité au bon fonctionnement de l’infrastructure sous-jacente. Il y a là perte de pouvoir et de valeur. Pour faire une comparaison, un mobil home vaut nettement moins qu’une maison car il n’est pas attaché à un terrain. La rareté est dans le terrain qu’il vaut mieux posséder. C’est la même chose avec l’infrastructure cloud. Facebook a travers le projet Libra veut redonner la propriété donc, le pouvoir aux développeurs. Il s’inspire de deux crypto monnaies qui pour l’instant sont peu adoptées pour les perfectionner et créer un écosystème d’applications décentralisées et appartenant vraiment à leur créateur.
Tout d’abord, le protocole Libra est proche de l’Ethereum dans la mesure où il institue les contrats intelligents (smart contracts), qui sont du code informatique indélébile. Un contrat intelligent est comme un acte notarié, gravé dans le marbre. Il se déclenche automatiquement en échange des crypto monnaies versées pour l’acheter. Le Libra est supérieure à l’Ethereum sur deux aspects: d’une part, les contrats intelligents peuvent être rédigés simplement et rapidement grâce au langage Move inventé par Facebook et plus pratique que le langage Solidity d’Ethereum. D’autre part Libra n’est pas vraiment une blockchain car le processus de validation est au fil de l’eau par un noyau de 100 validateurs. Ce processus permet de traiter 1000 opérations par seconde au lieu de 20 pour l’Ethereum. Le Libra a été conçue pour pouvoir avoir un effet d’échelle rapide: Facebook est dans le concret.
Marc Zuckerberg a toujours rêvé de faire de Facebook une plate-forme d’applications (exemple de Zynga, l’application de jeux sociaux) mais s’est fait dammer le pion par Android et IOS. Le Libra lui permet de réalisé ce rêve en copiant le Dapp Network. Le Dapp Network est un réseau d’applications (jeux essentiellement) développés sur la blockchain. L’intérêt pour le développeur est la propriété réelle de son application et des ressources engagées pour la développer. Voici une comparaison entre l’internet du cloud et celui du Dapp Network:
Le problème du Dapp Network est la liquidité: 30 000 personnes seulement utilisent le réseau et les ressources en infrastructures disponibles sur les Blockchain sont faibles. C’est pourquoi le coût de développement est prohibitif.
L’association Libra pourrait développer les Dapps (qui sont des contrats intelligents) en s’appuyant sur le protocole Libra. La liquidité serait fournie par Facebook (2,7 milliards d’utilisateurs) ainsi que les 100 membres de l’association (Uber, Lyft, etc.). Les infrastructures, outre les 100 membres au départ pourraient venir de Facebook qui y a investi au moins autant que Microsoft et Amazon.
Pour Facebook, ce serait un moyen de disloquer le cloud:
créer un écosystème d’applications, middleware et infrastructures décentralisés fonctionnant sur le protocole Libra. Cet écosystème redonnerait le pouvoir aux acteurs (la propriété pleine de leur travail), pouvoir aujourd’hui capté en premier par Amazon et Microsoft mais aussi les autres acteurs prééminents du cloud.
faire gérer cet écosystème par des tiers (les membres de l’association Libra dans un premier temps puis quiconque répondra aux critères de détention de Libra (proof of stake)
Faire baisser le coût de développement des applications en mettant à disposition les infrastructures Facebook ainsi que celle des membres fondateurs éminents.
Apporter un réel plus à l’écosystème par un wallet (Calibra) d’applications proposées à ses presque 3 milliards d’utilisateurs.
Dammer le pion ainsi à l’App store d’Apple et le Google play Store d’Alphabet
Justifier auprès des pouvoirs publics que le Libra ( crypto monnaie) est juste un point de passage pour l’acquisition des applications développées en langage Move.
Enfin, selon le leitmotiv de Marc Zuckerberg, redonner le pouvoir au consommateur/créateur. Les sociétés commerciales sont déjà disloquées par le 5ème pouvoir car perdant le monopole de l’information. La Libra conforterait ce pouvoir en donnant au créateur une parcelle de propriété.
Finalement, Marc Zuckerberg n’est peut être pas si naïf avec son projet Libra. Et la défection des PayPal, Stripe, etc. est une bonne occasion de recentrer le projet sur les contrats intelligents. La focalisation sur la partie monnaie du Libra était peut être même intentionnelle: demander beaucoup pour obtenir un peu, juste le renversement du plus important marché du siècle, le cloud.