Réchauffement climatique/Covid: le risque de l’entre deux
Les cimetières sont remplis de sociétés qui n’ont pas compris les règles du jeu.
Stratechery, le 13 juin 2022 à propos de la gestion du Covid:
Je suis, du mieux que je peux, impartial quant aux choix effectués ici : ce qu'il faut retenir, ce n'est pas seulement que l'approche chinoise a effectivement permis d'enrayer la propagation du SRAS-CoV-2, mais aussi que c'est la seule qui ait fonctionné ; même l'approche de Taïwan, qui était bien plus stricte que ce qu'aucun pays occidental ne tolérerait, a fini par échouer. Bien sûr, il y a eu des avantages, notamment en termes de temps pour administrer les vaccins, mais on peut certainement se demander si tout cela en valait la peine…si les Occidentaux n'acceptent pas des mesures de confinement vraiment strictes, ils n'accepteront certainement pas une quarantaine centralisée (qui n'a pas fonctionné), ce qui signifie qu'ils n'accepteront absolument pas des tests forcés et l'impossibilité de sortir de chez soi pendant des mois. Par conséquent, les Occidentaux n'accepteront jamais la réalité du COVID zéro, et c'est pourquoi il est logique d'aller dans la direction opposée : s'ouvrir, et renoncer aux coûts massifs du COVID zéro. Ne restez pas coincés au milieu, en subissant les pires résultats des deux…La Chine se concentre de plus en plus sur une approche « top down » de l'innovation technologique en particulier, en mettant l'accent sur le rattrapage dans des domaines tels que les semi-conducteurs et l'IA et en y consacrant des sommes considérables. La meilleure réponse est d'aller dans la direction opposée et de laisser s'épanouir un millier de fleurs, en faisant confiance à l'innovation qui, par définition, naît là où on l'attend le moins.
Ben Thomson cherche à montrer que la gestion d’un grave problème de société doit intégrer la culture du régime politique qui l’affronte. La force de la Chine est d’être cohérente avec son mode de gouvernement. Elle peut éliminer le Covid pour deux raisons:
Sa population ne pourra s’opposer aux mesures les plus drastiques d’enfermement,
Sa population n’a pas accès à l’information et le régime peut facilement lui faire croire que le zéro Covid est la seule option possible.
Force est de constater que depuis le début de l’épidémie, la Chine a enregistré 225 000 cas ( l’équivalent de ce qu’on pouvait enregistrer quotidiennement en France au top de la vague Ommicron) et un peu plus de 5 000 morts (à comparer au million de morts aux Etats-Unis). Même si on peut ergoter sur la véracité des chiffres provenant de Chine, la différence est frappante. Pour autant le coût économique a-t-il été supérieur en Chine qu’en Occident ? La croissance du PNB chinois est estimée à 5% annuelle entre 2019 et 2022, celle du PNB des États-Unis à 3% et celle de l’Union européenne à 1%. La aussi la supériorité de l’approche occidentale n’est pas frappante, bien au contraire. Enfin le régime chinois ne semble pas affaibli par sa gestion du Covid. XI Jiping renforce sa stature de grand timonier, de grand maître du Covid, tout en renforçant son contrôle sur le peuple chinois. La liberté d’expression s’en trouve amoindrie par un verrouillage supplémentaire de l’internet, c’est dans la logique d’un pouvoir communiste toujours plus prégnant.
In medio stat vitium
Qu’en est-il des régimes démocratiques occidentaux ? Pour gérer le Covid, après un essai de confinement strict controversé, ils n’ont pu instituer qu’une semi-privation de libertés (couvre-feux, limitation des déplacements, pass sanitaires, encouragement du télétravail), leur population n’étant pas disposée à accepter d’avantage. Les résultats n’ont pas été brillants: un grand nombre de cas, d’hospitalisations et de morts, le Covid passant facilement les barrières passoires, une croissance économique en berne et un endettement supplémentaire important (le quoi qu’il en coûte). Alors qu’en Chine le supplément de dette publique par rapport au PNB a été de 16% entre 2019 et 2021, il a été de +25% aux Etats-Unis et +12% dans la zone euro. Enfin la démocratie, dans un réflexe de protection a fait machine arrière sur la liberté d’expression, un de ses principaux fruits. L’internet, dans l’optimisme des débuts, l’avait pourtant renforcé, l’Occident instaurant le principe de la neutralité du net. L’accès à tout contenu sans discrimination de bande passante ou de blocage, fut un principe fondateur du développement de l’internet. Ce principe libertarien allait au delà du cadre juridique de la liberté d’expression: protégée par l’Etat mais modérée par le privé libre d’éditer et de supprimer ce qu’il voulait section 230). Le principe de la neutralité du net, considéré comme un acquis démocratique a rencontré ses limites avec le Covid. Les États ont poussé les plates-formes internet à faire la police de l’information pour avancer la cause des vaccins et des pass sanitaires avec les moyens du bord. Pour les Etats-Unis le seul moyen possible est la pression psychologique, les réseaux sociaux étant libres du contenu. Le président Biden en juillet 2021, répondant à un journaliste sur la désinformation propagée sur Facebook s’est exclamé:
Ils tuent des gens
L’Europe a choisi le moyen du règlement, celui que j’ai évoqué dans mon article Le cinquième pouvoir (volet géopolitique) à propos du Digital Service Act:
Le premier prend le contrepied de la section 230, en ne présumant pas la bonne foi des plates-formes. Si ces dernières n’ont pas supprimé un contenu illicite et/ou transmis les informations sur l’auteur de l’infraction à la justice, elle peuvent encourir une peine allant jusqu’à 6% du chiffre d’affaires. Des dommages et intérêts peuvent être réclamés par les utilisateurs qui s’estiment lésés. De plus les plates-formes sont également tenues de donner toutes les informations sur un utilisateur à la demande de la justice. La peine potentielle est là d’1% du chiffre d’affaires. Enfin les régulateurs ont un droit de regard sur les algorithmes des plates-formes. Celles-ci se transforment ainsi en bras armé des gouvernements européens. La conséquence sera de les rendre extrêmement prudentes, de les faire pencher vers l’excès de censure et d’exaspérer les utilisateurs qui chercheront à s’exprimer ailleurs, par exemple sur des plates-formes crypto. La créativité et l’innovation en pâtiront au profit du politiquement correct, la situation de la presse avant l’internet.
Au final, l’esprit de la neutralité du net est relégué aux oubliettes, la priorité étant de pousser les plates-formes à la modération et suppression des contenus gênants. Les populations prennent ce nouvel état d’esprit comme un recul de la liberté d’expression et de la démocratie. Un doute s’installe sur les pouvoirs en place, considérés de plus en plus comme des enfermistes. La liberté d’expression, même plus encadrée, est réelle et joue contre le régime. La Chine n’a pas ce problème…
Ben Thompson reproche aux démocraties de ne pas s’appuyer sur leur force pour résoudre les problèmes mais de louvoyer entre liberté et contrainte, de rester au milieu du gué. Le résultat est contreproductif. L’atout majeur des démocraties est la liberté d’expression et son corollaire l’innovation. L’Occident est impressionnant à résoudre des problèmes par la liberté et l’innovation. La Suède en faisant appel à la responsabilité individuelle n’a pas eu un bilan Covid pire que les autres et a enregistré une croissance économique plus soutenue. La rapidité de création d’un vaccin et de mise en place de la logistique pour le diffuser est un autre exemple. En naviguant au milieu, l’Occident réduit sa capacité créative, sape la liberté et sa propre base. La question est maintenant de savoir si la même erreur n’est pas en train de s’appliquer à la stratégie de lutte contre le réchauffement climatique.
Accords de Paris
Les accords de Paris, ratifiés par 187 pays prévoient dans leur article 4 un mécanisme d’atténuation des gaz à effet de serre. Chaque pays doit maintenir une contribution déterminée au niveau national (CDN) et prendre des mesures pour y parvenir. La CDN doit être communiquée tous les cinq ans et montrer une progression par rapport à la CDN précédente. Les pays développés doivent faire le plus d’effort vers une neutralité carbone d’ici 2050. Ces accords n’ont pas été signés dans une logique d’innovation (impliquant l’acceptation du gaspillage) mais dans une logique d’attrition, typique d’économies dirigistes. Ils n’ont pas été rédigés dans une logique d’investisseur mais de comptable, dans une logique d’entrepreneur mais de politique. Ils prêtent le flanc à toutes sortes de manipulations possibles, d’échanges et de tractations financières Le succès des accords de Paris, par rapport à ceux de Kyoto les précédant est dû au fait qu’ils sont moins directifs. Ils permettent de transférer la patate chaude: la Chine à l’Occident, les états occidentaux à leur secteur privé. Chaque pays va à son rythme, pourvu qu’il communique. La transparence imposée est censée jouer le rôle de nudge...
La patate chaude
Les États occidentaux, moteurs dans les accords de Paris, les ont construits selon une logique de l’entre deux. Ils n’ont pas pris leur responsabilité en matière de promotion de l’innovation, ils n’ont pas non plus voulu se montrer dirigistes, espérant que la transparence imposée suffise à faire bouger le privé dans le sens souhaité. L’argumentation est la suivante: le réchauffement climatique est l’affaire de tous. Il faut apprendre à consommer moins d’énergie fossile, du particulier à la multinationale, en passant par la PME pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cela semble partir d’une bonne intention mais la logique est en fait celle du « nudge » et de la délation: « comply or explain », le méchant est montré du doigt…son coût du capital augmente (voir mon dernier article). Le bon, celui qui finance des projets verts est récompensé. La dynamique du bon et du méchant remplace celle du retour sur investissement. Ce système arrange les états démocratiques car en déléguant leur responsabilité, ils n’apparaissent pas comme coercitifs. Le principe démocratique est respecté et l’acceptabilité par la population ne doit pas poser problème du fait justement de la dilution des responsabilités. La aussi on navigue au milieu, conscient du risque d’acceptabilité par les populations, et on substitue un état de surveillance molle à l’état de liberté, comme si c’était suffisant pour résoudre le problème. En fait comme pour le Covid on risque d’avoir le scénario du pire: une incapacité à contrer le réchauffement climatique et des démocraties encore plus chancelantes…
Scope 3 neutralité carbone et croissance économique: entre deux
Une nation qui ne croît plus économiquement risque l’instabilité, les uns et les autres se disputant le fromage. Comment concilier croissance économique et neutralité carbone ? Les deux sont a priori incompatibles, la croissance requérant de l’énergie, celle-ci étant fossile a 80%. Les accords de Paris n’ont pas vraiment pensé la question…
La croissance économique provient de l’augmentation de la productivité, c’est à dire du volume produit par rapport aux ressources engagées. Les deux voies possibles sont 1/ les effets d’échelle liés à l’augmentation du volume produit (effet mécanique) et 2/ la substitution des manières de faire (effet de l’innovation). Schématiquement, la première voie est celle de la Chine qui a créé des effets d’échelle massifs dans la production (fer, électronique de base, panneaux solaires, batteries électriques, etc.). Le régime dictatorial chinois ne favorise guère l’innovation, mais en revanche, il instille la discipline nécessaire à la production de masse, s’appuyant sur un marché intérieur d’1,4 milliard de personnes. La croissance chinoise est celle du copieur qui produit a l’échelle les innovations d’autrui. Le résultat est impressionnant et fait de la Chine la deuxième puissance économique mondiale. L’Occident suit plutôt la deuxième voie, avec une croissance chaotique, l’innovation suivant un processus imprévisible. Depuis quelques décennies, le rôle de l’Etat dans le financement de l’innovation est mis sous le boisseau. C’est dommage car le privé sans l’aide de l’Etat ne peut justifier en terme de ROI l’investissement dans la recherche. Ce n’est favorable ni à l’innovation, ni donc à la croissance.
Les accords de Paris prévoient schématiquement une réduction des 2/3 des émissions de CO2 (le tiers subsistant compensé par les forêts ) d’ici 2050. Ils impliquent une transformation profonde de nos modes de production et distribution d’énergie. L’autre solution pour obtenir la neutralité carbone est d’immobiliser les économies (type zéro Covid) mais ce n’est guère viable sur le long terme. On peut facilement imaginer ce qui va se produire: la Chine va jouer sur sa force et produire à la chaîne éoliennes, panneaux solaires et batteries pour répondre à la demande de l’Occident. Il lui faudra pour ce faire extraire des matières premières et les transformer, mais cette consommation importante de CO2 sera pour la bonne cause. L’Occident, n’ayant pas les effets d’échelle, et s’étant contraint par des objectifs de réduction d’émissions immédiats ne sera pas compétitif pour fabriquer ces équipements. Sans innover la Chine peut ainsi continuer à croître par les économies d’échelle cette fois sur les énergies renouvelables tout en apparaissant comme le bon élève. Cet avenir se profile dès aujourd’hui pour les éoliennes:
La Chine place cinq producteurs de turbines dans le peloton de tête et avec 24 Gigawatts de capacité se situe nettement au dessus du Danemark, 2eme avec 10 Gigawatts. C’est encore plus frappant pour les panneaux solaires:
La domination chinoise est extrême avec 8 producteurs dans le top 10. La Chine prend également la tête sur les batteries électriques avec CATL et BYD, la Corée du Sud et le Japon ayant été rattrapés.
Qu’en est-il de l’Occident ? Son point fort théoriquement est l’innovation, innovation qui pourrait permettre de concilier croissance et réduction des émissions de CO2. De toute façon, il n’aura pas les capacités de production à l’échelle pour concourir sur la production des équipements d’énergie renouvelable. Le problème est que l’Occident non seulement ne promeut pas l’innovation, l’Etat ayant abdiqué son rôle, mais aussi la contraint en tenant les entreprises en laisse. Celles-ci vont devoir montrer année après année qu’elles font des progrès dans leur consommation (comply or explain). L’innovation ne se décrétant pas sur un rythme annuel, la solution sera de tirer son énergie de l’électricité « renouvelable », celle-ci de plus en plus produite à partir des équipements chinois. Les entreprises occidentales seront motivées par le risque du boycott (nouveau nom pour coût du capital) et par les subventions alimentant au final l’industrie chinoise. Le résultat est un risque d’engorgement sur l’énergie électrique et sur les matériaux nécessaires pour la produire, la stocker et la transporter, une compression des marges pour les acheteurs occidentaux et une réduction de la croissance économique. Le phénomène a déjà commencé pour les éoliennes:
Et les batteries électriques:
Les panneaux solaires ne sont pas épargnés:
Il n’est pas évident que les régimes démocratiques s’en trouvent renforcés. La faible croissance pousse les États à la création monétaire et à l’endettement, au « quoi qu’il en coûte » porteur d’inflation dévastatrice pour les ménages les plus modestes et la cohésion nationale.
Scope 3 neutralité carbone et géopolitique: entre deux
« To finish first you must first finish » disait Rick Mears, le coureur automobile. Les États ne doivent pas seulement collectivement lutter contre le réchauffement climatique mais d’abord se préserver les uns des autres. Le temps où le monde pouvait commercer librement, se spécialiser sur telle ou telle production conformément à la loi de Ricardo, assuré de la protection du bouclier américain contre l’ennemi commun l’URSS, est bien terminé. La puissance économique russe n’est plus que l’ombre de celle de l’URSS. Les Etats-Unis sont donc plus imprévisibles, tentés de se retrancher sur leur propre territoire augmenté de celui de leurs alliés proches. Ils ont l’indépendance énergétique et alimentaire.
Chaque pays doit maintenant penser à sa propre sécurité alimentaire et énergétique, renforcer ses dépenses d’armement (fonction du PNB, donc de la croissance) et réfléchir à ses frontières naturelles et aux alliances opportunes pour les renforcer. La notion de temps raccourcit soudain. Ainsi l’Allemagne a pu décider d’un programme d’armement de €100 milliards 3 jours après l’invasion de l’Ukraine. Au delà des discours lénifiants, la défense du territoire aura la priorité absolue sur les objectifs climatiques. Ainsi l’Allemagne qui a peu de frontières naturelles protectrices a besoin d’une économie en croissance quoi qu’il en coûte au climat. D’où cette décision finalement logique de l’Allemagne:
20 juin (UPI) -- L'Allemagne a annoncé une série de mesures visant à réduire sa consommation de gaz, notamment en se tournant vers les centrales électriques au charbon, alors que la Russie continue de restreindre l'approvisionnement de l'Europe dans le cadre de sa guerre en Ukraine.
Le ministre allemand des affaires économiques et de la protection du climat, Robert Habeck, a annoncé dimanche des mesures visant à réduire la consommation de gaz dans le contexte de la guerre de la Russie en Ukraine.
Robert Habeck, le ministre berlinois de l'économie et du climat, a dévoilé ces mesures dimanche dans un communiqué. Il a déclaré que pour réduire l'utilisation du gaz dans la production d'électricité, il faudra recourir aux centrales à charbon, une décision qu'il a qualifiée d'"amère" mais de "nécessaire" pour que les réservoirs de stockage soient pleins cet hiver.
La géopolitique est une affaire d’Etat sans conteste. Elle ne peut se déléguer au privé. C’est là où les failles des accords de Paris reviennent en boomerang. En permettant aux États de faire porter le chapeau au privé (article 4 d’atténuation et article 6 sur la participation du privé), ils enfoncent en Occident un coin entre géopolitique et réduction des émissions, entre le public et le privé. L’entre deux oppose l’Etat qui va favoriser le charbon et le privé qui va devoir se fournir en électricité renouvelable. La stratégie des États occidentaux devient inaudible. Il faut noter que la Chine n’a pas ce problème car l’Etat n’a pas à se justifier vis à vis de sa population, il contrôle tout.
La Chine a pris ses précautions en prenant un engagement de neutralité carbone en 2060, dix ans après L’Europe par exemple. Elle s’est également donné un objectif 2030 pour commencer à faire décroître ses émissions. Cela lui donne une dizaine d’années pour envahir le monde de ses éoliennes, panneaux solaires et batteries sans contrainte. Cela lui permet d’avoir une longueur d’avance sur la croissance et d’ajuster sa position sur ses émissions relativement aux autres États. La stratégie est claire: commandes massives de la part des entreprises d’Etat à l’industrie nationale. La taille du marché intérieur permet d’avoir les économies d’échelle et d’être compétitif à l’extérieur. La Chine émet d’avantage, sous la direction des pouvoirs publics…mais pour le bien de la planète. Cela ne l’empêche pas de largement subventionner les énergies fossiles, une nécessité géopolitique immédiate, l’incohérence n’ayant pas à être justifiée en interne.
L’entre deux nous amène droit dans le mur. Il est grand temps que l’Occident croie à sa capacité d’innovation et la promeuve agressivement. On se souvient du slogan inventé par Valery Giscard d’Estaing en 1976: « En France on n’as pas de pétrole mais on a des idées. » Pourquoi ne pas faire un grand plan sur l’efficience énergétique, substituer l’innovation aux normes ? Le dernier rapport de l’AEI sur l’investissement énergétique mondial indique le montant et la répartition des investissements dans l’energie:
Le bleu clair indique les énergies fossiles, le bleu foncé les énergies renouvelables et le vert l’efficience énergétique. L’augmentation de 2022 est due à l’inflation sur les coûts. Si les chinois sont maîtres du bleu foncé, pourquoi l’Occident ne gagne t-il pas sur le vert, un bon moyen de lutter contre le réchauffement climatique et l’inflation ?
L’Etat n’est pas l’ennemi de l’innovation mais son catalyseur. N’étant pas tenu par le retour sur investissement, il peut faire naître des innovations improbables comme il l’a fait avec l’internet ou les semi-conducteurs par exemple. La technique consistant à augmenter le coût du capital pour les mauvais élèves et le réduire pour les bons est politique mais dissuade l’innovation véritable: avec un risque de coût du capital plus élevé, on n’a pas vraiment de marge pour innover…ce qui pousse au greenwashing, aux normes excessives et au dérèglement de la démocratie. Le risque de cet entre deux est de priver le capitalisme de son grand point fort: sa capacité à engendrer de l’innovation.
Bonne fin de semaine,
Hervé